Les inspirations, le génie et la folie d’Antonio Ferrera
dimanche 15 août 2021
Antonio Ferrera a toujours été un torero apprécié par ses pairs car il affiche un amour immense pour sa profession et le plus grand des respects pour les autres toreros. De solides liens d’amitiés l’unissent à de nombreux maestros de l’escalafon et son admiration sans limite pour le maestro Manzanares ont généré une grande amitié voire un lien quasi filial.
Le torero d’Extrémadura a mis beaucoup de temps à faire le deuil de cette idole, ce second père, et il lui a rendu le plus beau des hommages pour la Feria en en l’honneur de ses 50 ans d’alternative. Avec un coup de corne de 20 cms dans la jambe reçu dans ses arènes de Badajoz après deux énormes triomphes consécutifs, il interpelle les médecins sur le bloc opératoire de la plaza après sa cornada : « messieurs, faites votre métier, vous savez ce que vous avez à faire. Mais, je vous préviens. Demain, je vais toréer à Alicante pour rendre hommage au maestro Manzanares ». Et le lendemain, il a fait le paseo sans boiter. Puis coupe deux oreilles avant de fondre en larmes après un trop plein d’émotions et de douleurs. Pas uniquement physiques.
Cette anecdote dit tout d’Antonio Ferrera. Mais le torero mérite également le détour. Lui qui s’est fait une réputation pendant la première partie de sa carrière par sa capacité aux banderilles et son sens du spectacle a longtemps peiné à gagner le respect des aficionados les plus exigeants.
Une blessure, physique cette fois (au bras), a mis sa carrière entre parenthèses pendant deux longues temporadas. Est revenu alors un nouveau torero. Fini les banderilles (sauf dans des moments particuliers), place à l’exploration du toreo antique à la cape et à la muleta en faisant renaître de nouvelles suertes. Comme ses sorties de piques caractéristiques avec un quite au sortir du carapacon, ou ces naturelles réalisées de la main droite. Ou encore ces inspirations baroques qui ont fait exploser à deux reprises les arènes de Madrid en 2019. D’abord par une grande porte au terme d’une performance magnifique face aux Santiago Domecq en pleine San Isidro. Puis, pour un solo historique pour la Feria d’Otoño où l’épée a limité sa moisson à deux oreilles mais les grands moments de tauromachie resteront gravés pour l’éternité.
Pour finir, comment ne pas évoqué le triomphe majuscule d’Antonio Ferrera pour son solo face à six Adolfo Martin ce samedi 24 juillet à Mont de Marsan. Ferrera a torée, piqué le dernier toro, banderillé… une corrida sauvée par le génie et la volonté d’un immense torero face à un lot de toros qui sans lui n’aurait pas existé.
Rendez-vous le 15 août pour retrouver Antonio Ferrera, 15 ans après l’historique corrida de Valdefresno à Béziers où il était au cartel avec Denis Loré et Ivan Garcia.